Ne cherchez pas François GENTIL sur le site de Wikipedia, aucun Contributeur ne lui a consacré quelques lignes. Si aujourd'hui, l'oeuvre de François GENTIL est entourée de silence, ce ne fût pas le cas lors des siècles précédents ...
A la fin du XVIe siècle, François Desrues (1554-1620c.) dans une édition de son ouvrage Les Antiquitez, fondations & fingularitez des plus célèbres villes, châfteaux, & places remarquables du Royaume de France, relativement à la ville de Troyes, cite François Gentil, sculpteur tant renommé par les ouvrages qu'il a si bien faits tant en la dicte ville en plusieurs places que hors d'ycelle.
En 1717 deux religieux bénédictins publient à Paris leurs notes de voyage : Une des plus belles chofes qu'on puiffe voir à Troye, c'eft l'églife de Saint Pantaleon. ll n'y a point d'autel , ny de piliers, où il n'y ait des figures qui furpaffent l'art. Les peintures de la plûpart des tableaux ne cèdent en rien aux figures. Enfin , les vitres font fi belles, que monfieur le cardinal de Richelieu offrit dix-huit mille livres de celles du fond feulement. Toutes les figures de cette églife , & toutes celles qu'on admire dans toute la ville , font des ouvrages de François Gentil le plus habile fculpteur qu'on ait vû depuis longtemps.
Un Almanach Ecclésiastique publié en 1761 chez Duschesne à Paris rapporte sur la ville de Troyes : Il y a dans les Eglifes de Cette Ville une fi grande quantité de morceaux de fculpture & de peinture , que le Cavalier Bemin difoit qu'elle étoit une petite Rome. La plûpart de ces ouvrages font fortis des mains de François Gentil de Troyes, & de Dominique Riconucci Florentin, qui se rendirent célèbres vers le milieu du XVI fiêcle , principalement par leurs talents pour la sculpture.
En 1860, Amédée Aufauvre publie un guide historique et topographique de la ville de Troyes et de ses environs. Il commence en ces termes le portrait de François GENTIL : Chef d'une école influente de sculpture, dans la seconde moitié du xvie siècle, François Gentil, dont la famille s'est perpétuée jusqu'ici, naquit à Troyes. Il remplit de bas-reliefs, de groupes et de statues, les églises et les couvents de son pays natal.
Dans les années 1900 un tournant est pris autour de l'oeuvre de François Gentil qui se résume en ces mots empruntés à Albert Babeau, membre du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, à Troyes Une légende s'est formée autour de son nom, et il est difficile de discerner dans cette légende la part de l'erreur et de la vérité.
Albert Babeau qui publie une étude sur François GENTIL qu'il a appelée L'énigme de François Gentil conclut en ces termes : A l'auteur de tant d'oeuvres estimables nous préfèrerions pour notre part les auteurs malheureusement inconnus des charmantes statues de la période antérieure au commencement du seizième siècle, où le génie champenois, encore exempt de l'influence italienne, a déployé ses plus rares qualités de simplicité et de noblesse.
En 2009, la critique exprimée par Albert BABEAU prévalait toujours dans le milieu de la Conservation. L'exposition Le beau XVIe siècle organisée du 18 avril au 25 octobre 2009 a fait la part belle aux sculptures champenoises du début du XVIe siècle et si elle n'a pas entièrement négligé la sculpture champenoise de la seconde partie du siècle elle a surtout mis en lumière l'oeuvre de Dominique Florentin. Car, en réalité, on sait peu de choses certaines sur François Gentil.
François Gentil serait né aux Riceys à quelques dizaines de kilomètres de Troyes. Son acte de naissance n'a pas été retrouvé alors son année de naissance reste incertaine, elle est située vers 1510.
Son nom apparaît pour la 1ère fois en 1541 dans les comptes de la Confrérie de la Conception Notre-Dame de l'Eglise Saint-Jean à Troyes. Et, de comptes d'église en comptes d'église les historiens ont retracé de 1541 à 1580 le parcours artistique de François Gentil dans la ville de Troyes et dans ses environs. Il est peu d'établissements religieux où il ne soit intervenu tantôt pour une commande, tantôt pour une réparation ou pour une modification.
Le nom de François Gentil se trouve également dans les comptes municipaux de la ville de Troyes. Il apparaît en 1548 à l'occasion de la venue du roi Henri II, en 1563 pour celle du roi Charles IX et encore en 1571 pour celle du Duc de Guise. La Municipalité lui confie la réalisation d'effigies et de sculptures sensées mettre en valeur la grandeur de la ville et de ses prestigieux visiteurs.
François Gentil a longtemps résidé sur la paroisse Saint-Rémy et on croît que c'est dans l'église Saint-Rémy qu'il fût inhumé au plus tard en 1584. Dans cette même église qui accueillera quelques années plus tard
François GIRARDON (1628-1715) dont le destin fût national au contraire de celui de François GENTIL qui resta cantonné dans sa région natale.
NB
J'ai extrait ces quelques notes d'une esquisse de la biographie de François Gentil publiée par Albert Babeau en 1901 dans les mémoires des Réunions des Sociétés des Beaux-Arts des Départements. Vous pouvez accéder au texte intégral de sa publication sur le site de Gallica en suivant ce lien et en vous rendant à la page 648 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206220b