Vers 1350 en Bavière

LE CHRIST MORBIDE DU MONASTERE D ALTENHOHENAU VERS 1350

UNE OEUVRE ...

Le pire n'est jamais certain …

Dans les années 1347-1349 en Europe on a approché le pire avec la mort subite de 25 millions de personnes.

La cause est la peste noire.

Débarquée à Messines puis à Gènes en 1347, elle s'est rapidement dirigée vers Marseille puis à Avignon quelques semaines plus tard.

Cette Cité où le Pape avait élu résidence rassemblait des milliers de pèlerins venus de tous les pays de la chrétienté. Beaucoup d'entre eux contractèrent la maladie et la diffusèrent dans leur pays respectif.

Ce fût une hécatombe.

Une catastrophe humanitaire de cette importance a laissé des traces dans l'iconographie du Christ sur la Croix.

Bien que les premiers Christs morbides soient apparus quelques décades plus tôt en même temps que se multipliaient les Ordres Mendiants, ce type iconographique trouva dans cette catastrophe humanitaire son véritable envol.

Le Christ morbide conservé au Monastère d' Altenhohenau, à proximité de Munich, témoigne du changement d'apparence du Crucifié vers 1350.

Avant de découvrir ce Christ à l'aspect cadavérique, rappelez-vous le Christ en Ivoire sculpté quelques années plus tôt sous le règne de Charles Le Bel

Il portait le tore qui évoquait encore la couronne royale. C'était un Christ mort mais son expression était sereine et son corps restait charnu.

Le Christ du monastère d' Altenhohenau, sculpté quelques années plus tard, présente un corps meurtri et il est totalement décharné.

La tête du Crucifié est ceinte d'une couronne d'épines acérées qui l'entaillent de toutes parts.

Le corps est couvert d'ecchymoses d'où jaillit le sang en abondance

La Croix a été remplacée par l'Arbre de la Connaissance.

Si le Fils de Dieu apparaît dans cet état de décharnement c'est la seule faute du Péché originel commis par Adam et Eve.

C'est un Arbre dont les branches sont recourbées pour bien signifier que l'Arbre de la Connaissance devînt le gibet sur lequel Dieu sacrifia son Fils.

Quoi qu'il arrive, même le pire, le vrai coupable des malheurs de l'Humanité est ainsi désigné par l'église catholique c'est le Péché.

La peste a décimé la population à une vitesse éclair et ses résurgences durèrent toute la seconde moitié du XIVe siècle ce qui conduisit la population à vivre dans un état de terreur permanente.

Les Christs morbides, au sens propre du terme qui relèvent de la maladie, connurent ainsi leurs heures de gloire.

Dans l'iconographie également le pire n'est pas certain. Si vous voulez découvrir ou redécouvrir deux autres Christs morbides qui émaillèrent le panorama du XIVe siècle, rendez-vous à cette page :

cri-de-douleur-des-christs-du-xive-de-perpignan-a-verone

UNE EPOQUE ...

Le début du XIVe siècle s'apparente plutôt à une période de prospérité même si certaines années d'importantes famines ont sévi.

Cette prospérité se lit dans les chiffres de la population qui ne cesse de croître.

En France, vers 1320, on estime que pour la première fois la population a franchi le cap des 20 millions.

Malheureusement, les cultures et les pâturages ne suffisent pas à nourrir tout le monde à sa faim.

Dans les Villes, la misère est de plus en plus visible. La promiscuité dans les logements exigus est maximale. Les immondices s'accumulent.

Les rats circulent dans les rues et ils sont aussi nombreux que les Hommes …

LE CHRIST MORBIDE DU MONASTERE D ALTENHOHENAU VERS 1350
LE CHRIST MORBIDE DU MONASTERE D ALTENHOHENAU VERS 1350
LE CHRIST MORBIDE DU MONASTERE D ALTENHOHENAU VERS 1350
LE CHRIST MORBIDE DU MONASTERE D ALTENHOHENAU VERS 1350

Publié le 19 septembre 2014