Novembre 2020 - Résultats d'enchères
Les Christs en bronze anciens sont recherchés avec comme conséquence des prix qui s'élèvent. Aussi, je vous invite à la prudence car il est malaisé de déterminer l'âge d'un métal. Plus que le type iconographique la qualité de la finition est le principal critère à prendre en compte pour évaluer l'ancienneté d'un Christ.
Le savoir-faire des fondeurs était moindre au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle qu'il ne le fût au XIXe siècle alors les Christs anciens apparaissent rarement bruts de fonderie. Ils sont ébavurés, limés et finis avec soin. Les artifices nécessaires à la bonne alimentation du moule sont systématiquement éliminés.
Ce Christ en bronze argenté est désigné École Italienne du XVIIème siècle. Evalué dans la fourchette 300€-400€ il a été adjugé 1 000€ au marteau soit 3 fois son estimation. Sa vente s'est déroulée le 1 novembre 2020 à l'Hôtel des Ventes du Château à Versailles.
S'il est avéré que ce Christ date du XVIIe siècle son Acheteur l'aura acquis a un prix raisonnable.
Si, comme je le pense, ce Christ est une production qui date au mieux de la fin du XVIIIe siècle, ce sera le vendeur qui aura conclu une bonne affaire.
Lot N°80
Christ en bronze argenté École Italienne du XVIIème siècle Haut. 22 cm -
Estimation 300€ - 400€

Les Christs sculptés dans le corail ont la particularité d'être adjugés à des prix très élevés que ne justifient ni leur qualité d'exécution ni leur ancienneté. De manière unanime voire moutonnière, ils sont généralement attribués à des sculpteurs siciliens actifs au XVIIe siècle dans la commune de Trapani.
Sans préjugé de la véracité du descriptif qui l'accompagne ce Christ sculpté dans le corail, mis en vente le 1 novembre 2020 à Bruges chez Rob Michiel Auctions a été adjugé 4 000€ au marteau.
Observez que le descriptif ne fait aucun commentaire sur la Croix qui est une production flamande du début du XIXe siècle.
Lot N°1087
Dim.: 17 x 15 cm (the figure of Christ)
Estimation 4 000€ - 8 000€
La Maison de Ventes Hermann Historica basée à Munich est connue pour ses ventes controversées d'affaires personnelles ayant appartenu à des acteurs du 3ième Reich, pas seulement. Plusieurs Christs de belle facture figuraient dans la vente Kunst und Kunsthandwerk, Antiken du 2 novembre 2020 organisée par cette enseigne.
Tout d'abord ce Christ en bronze traditionnellement désigné comme un modèle conçu par Jean de Bologne (Douai, 1529 - Florence 1608) Originalité : l'Expert de la vente attribue préférentiellement ce Christ à Pierre de Francqueville (Cambrai, 1548 - Paris, 1615) qui fût l'élève de Jean de Bologne . Le Christ a été adjugé 9500€ au marteau.
Un exemplaire identique est conservé au MET de New-York. La conservation du Musée l'attribue à l'atelier d'Antonio Susini (Italian, 1558–1624 Florence), un autre élève de Jean de Bologne.
ATTENTION De nombreuses copies du Christ conservé au MET de New-York circulent dont 1 coulée en bronze à froid, copie conforme à l'original dont l'apparence est trompeuse. A voir en suivant ce lien.
Bronze, dunkel bis honigfarben patiniert. Außerordentlich feine Ausarbeitung, teilweise ziseliert. Dem typischen Giambologna-Typus gesellt sich hier noch eine beinahe Leichtigkeit in der Darstellung dazu. Die Details, wie z.B. die feingliedrigen Hände oder die besondere Haltung des Lendentuchs, welches hier das Hinterteil entblößt lässt, sprechen für eine besondere Meisterhand. Höhe 34,5 cm. Minimale Altersspuren. Wunderbar gewachsene Patina, teils berieben. Leichte Oxidationsspuren.
Pietro Francavilla (1548 - 1615) war ein franco-flämischer Bildhauer, welcher in Florenz ausgebildet wurde. Er arbeitete im spätmaniristischen Stil und fühlte sich der Formsprache Giambolognas verpflichtet.
Bronze, with a dark to honey-coloured patination. Exceptionally fine finish, chased in places. In addition to the characteristic Giambologna type, the depiction almost approaches the subject with lightness. The details, such as the slender hands or the distinctive position of the loincloth, here exposing the buttocks to view, are compelling arguments for a master's touch. Height 34.5 cm. Minimal signs of age. Beautiful established patina, rubbed here and there. Slight traces of oxidation.
The Franco-Flemish sculptor Pietro Francavilla (1548 -1615) was trained in Florence. He worked in the late Mannerist style and was committed to the formal language of Giambologna.
Un autre Christ présentant un intérêt, vendu par Hermann Historica lors de la même vacation du 2 novembre 2020, est ce Christ en ivoire attribué selon son descriptif à la colonie portugaise de Goa au 17ème siècle.
Je connais bien ce Christ en ivoire pour l'avoir dans mes archives depuis 2013. Il y a quelques mois il était entre les mains d'un Marchand qui l'attribuait au 16ème siècle espagnol et en réclamait 9 500€. La maison de ventes Hampel a tenté de le vendre en septembre 2018 dans la fourchette 6 500€- 8 500€ mais a essuyé un échec. Clin d'oeil de l'histoire : La Maison Hermann Historica vient de l'adjuger 2 500€ au marteau soit au même prix que lorsque je l'ai découvert en 2013 dans une vente organisée à l'Hôtel des Ventes de Nîmes où il était décrit Ecole dieppoise - Fin XVIème !
Ce Christ est un exemple parmi d'autres qui montre avec quelle légèreté les Professionnels du Marché de l'Art font parfois voyager un Christ autour du monde. Celui-ci de Dieppe en Espagne et d'Espagne dans les Indes ! Notez que la maison de Ventes Hampel avait émis l'hypothèse d'une origine chinoise !

Quittons la ville de Munich et rendons-nous à Roubaix chez May Associés pour observer que les Christs de Jean-Baptiste Lefebvre (1846-1906) ont perdu de leur aura. Ce Christ signé Lefebvre mesure 36cm de hauteur et pèse 1.6kg. Il a été adjugé le 9 novembre 2020 pour la modique somme de 950€ au marteau .
N° 237
Dieppe, Jean-Baptiste Lefebvre (1846 - 1906), seconde moitié du XIXe siècle
Hauteur : 36 cm
Dans un encadrement.
Poids brut : 1 600 g
(manques à la couronne)
Estimation 1 000 € - 1 500€
S'il fallait décerner le prix de la plus belle scène de Crucifixion de l'année le lot qui suit serait un redoutable Challenger. C'est à Tours le 14 novembre 2020 à l'Hôtel des Ventes Giraudeau qu'il a été présenté et adjugé 47 000€ au marteau.
Allemagne du Sud, fin XVIIe.
La Crucifixion du Christ.
Relief en ivoire.
Présentée dans un cadre vitré en chêne noirci parcouru d'une frise d'entrelacs.
11 x 15 cm.
Dimensions du cadre : 21 x 25 x 6,5 cm.
(salissures).
-Atelier de Christoph Daniel Schenck ?, Crucifixion, ivoire , 15,5 x 13 cm, Florence, Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, inv.Bg.Avori 1879.n°6.
-Ss dir. Maraike B¨ckling et Sabine Haag, Elfenbein . Barocke Pracht am Wiener Hof, Liebighaus Skulpturen. Sammlung, Cat.Exp. 3 février -26 juin 2011.
-Ss dir. Eike D. Schmidt, Maria Sframeli, Diafane Passioni. Avori barocchi dalle corti europee, Firenze Musei, Sillabe, cat Exp., 2013 ;
Cette scène de crucifixion a été réalisée par un artiste allemand doté d'une très grande virtuosité à la fin du XVIIème siècle.
Réalisée sur différents plans successifs qui la théâtralisent, la scène relate l'instant où le soldat romain, Longin le Centurion, ici à cheval, s'apprête à enfoncer sa lance dans le flanc du Christ qui vient d'expirer. A senestre est présenté le groupe de la pamoison de la Vierge retenue par saint Jean. De part et d'autre les deux larrons encadrent la scène.
Composition très à la mode au XVIIème siècle, réalisée dans le cadre d'une dévotion particulière et probablement intégrée initialement dans une série d'images narrant l'ensemble de la Passion, notre scène dérive de la gravure de l'artiste Jan Sadeler (1550-1600).
Taillé d'un seul tenant dans la masse de la pièce d'ivoire, notre relief présente une telle profondeur que le sculpteur a pu détacher tous les reliefs sans avoir recours à l'adjonction de pièces supplémentaires. La virtuosité d'exécution se manifeste également dans la présence du mouvement créé par le déploiement des drapés, la torsion et les raccourcis des corps souffrants des personnages. L'influence de Rubens est ici palpable, notamment dans la Crucifixion conservée au Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.
La taille en oblique du groupe cheval/Longin qui occupe toute l'épaisseur du relief et la façon dont est présentée la scène par plans étagés s'inscrivent également dans les recherches italiennes de la Renaissance, à l'instar de l'oeuvre peinte de Titien, Le Christ et le bon larron, (vers 1566, huile sur toile, 137 × 149 cm, Bologne, pinacothèque nationale). Cette oeuvre présente une perspective oblique qui était alors inédite dans la Venise du XVIe siècle. Inscrite dans l'ivoire, cette prouesse renforce encore la dramatisation et l'animation de la scène.
A la fougue de Rubens et à aux recherches de perspectives et de profondeurs italiennes, s'ajoute aussi la forte prégnance des leçons des grands maitres florentins et romains, Jean de Bologne,dans le traitement du Christ crucifié, et , Michel Ange dans la figure du bon larron agonisant.
Si l'influence de la gravure et si l'imitation des grands maitres du XVIème et XVIIeme siècles italiens et flamands sont décelables, c'est cependant dans la sphère ultramontaine et allemande qu'il faut chercher notre talentueux artiste :
Le travail sur ivoire et la confection de petits objets précieux, demandant habilité et précision, sont l'apanage particulier des artistes ayant oeuvré dans les cours princières allemandes. La grande qualité de notre oeuvre invite aussi à y voir la main d'un artiste majeur, peut-être d'Ignaz Helhafen (1658-c.1715) dont on connait un certain nombre de reliefs travaillés en creux, dans l'épaisseur de grandes plaques d'ivoire.

Sous Napoléon III et plus encore à la fin du XIXe siècle grâce à la généralisation de la mécanisation, de nombreuses boutiques à Paris proposaient à la Bourgeoisie des grands Christs en Ivoire en rapport avec la hauteur sous plafond des appartements haussmanniens.
Il n'est donc pas rare de rencontrer ces grands Christs haussmanniens dans les Ventes aux enchères et il n'est pas moins rare qu'ils soient attribués à des siècles antérieurs au XIXe.
Un exemple récent est ce Christ en Ivoire d'une hauteur de 80 cm attribué à un atelier Italien ou Flamand qui l'aurait sculpté autour de 1680 selon le descriptif fourni par la Maison de ventes Van Ham basée à Cologne.
Ce Christ en ivoire dont la vente s'est déroulée le 18 novembre 2020 a été adjugé 8 500€ au marteau.
EXCEPTIONAL LARGE CARVED IVORY CORPUS CHRISTI.
Around 1680. Italo-Flemish.
Carved ivory. Four nail type. Carved with great attention to detail. The head slightly turned to the
side, with crown of thorns and elaborately draped loincloth. Height ca. 80cm.
Provenance:
Collection Prof. Thomas Olbricht.
Literature:
Christian Theuerkauff: Nachmittelalterliches Elfenbein, Berlin 1986. Regarding this type
compare Catalogue no.126, p.370-372.
Les Christs attribués au XIIIe siècle limougeaud bien que fréquents dans les ventes atteignent des prix exorbitants.
Paradoxalement les copies XIXe/XXe de ces Christs semblent peu fréquentes sur le marché de l'Art. Alors, si le type iconographique limougeaud du XIIIe siècle vous sied il ne faut pas vous priver d'acquérir une copie si l'opportunité se présente.
Le 22 novembre 2020 une occasion s'est présentée à l'Hôtel des Ventes d' Enghien-Les-Bains avec cette belle Croix de style limougeaud de grandes dimensions adjugée 620€ au marteau.
Ecole du XIXe dans le goût du XIIIe. CROIX en cuivre champlelé, émaillé gravé et doré, le Christ couronné en demi-relief sur fond bleu parsemé de rosettes et losanges polychromes, surmponté du christogramme et de la moain de Dieu. (Petits manques). 37,5 x 24 cm

Publié le 13 décembre 2020