GUILLERMIN (1622-1699)

Jean-Baptiste GUILLERMIN

Bien qu'étant considéré comme un estranger dans la cité d'Avignon, c'est grâce à cette cité que l'histoire n'a pas oublié Jean-Baptiste GUILLERMIN.

Jean-Baptiste GUILLERMIN est né en 1622 dans la ville de Lyon. Dans cette même ville il épousa Antoinette CHRESTIEN dont il eût 5 enfants.

Il ouvrît très tôt un atelier de sculpture.

Lorsqu'en 1646 il baptise sa fille Claudine à l'Eglise Saint-Nizier, il a 24 ans et il est déjà appelé Maître Sculpteur. Probablement aidé en cela par son père Jacques I GUILLERMIN qui était lui-même sculpteur ordinaire du Roi en bois et en ivoire.

Il eût un frère, Jacques II GUILLERMIN qui sculptait également le bois et l'ivoire.

Pour une raison que l'on ignore, Jean-Baptiste GUILLERMIN quitte sa ville natale et s'installe dans la cité d'Avignon vers 1648.

Il ouvre un atelier Place du Change qui le fait connaître dans la cité.

La Confrérie des Pénitents de la Miséricorde eût le besoin d'un grand Crucifix en Ivoire pour ses processions et elle s'adressa à Jean GUILLERMIN pour sa réalisation.

Les Archives départementales d'Avignon ont livré un registre des Délibérations de l'œuvre de la Miséricorde de l'année 1659 relative à cette commande ce qui valide de manière formelle l'attribution du Christ en Ivoire actuellement exposé au Musée Calvet à Jean-Baptiste GUILLERMIN qui l'a signé IOA.GVILLERMIN INV. ET SCVLP. AVEN.1659.

Jean-Baptiste GUILLERMIN fît pour la Confrérie un autre Christ. Il le sculpta dans le Buis. Les archives de la confrérie précisent que c'était un Christ mort …

Jean-Baptiste GUILLERMIN quitta la cité d'Avignon pour se rendre en Italie.

On le retrouve à Paris où il reçoit en 1663 le titre de sculpteur ordinaire du Roi et où il est admis comme membre de l'Académie de Saint-Luc en 1670 et professeur.

Il s'est éteint en 1699 frappé de paralysie.

Deux siècles plus tard, en 1884, il fût découvert à Lyon un Crucifix en Buis signé FECIT JEAN GVILLERMIN qui fût immédiatement attribué à Jean-Baptiste GUILLERMIN.

Après avoir provoqué une grande émotion et connu la gloire, ce Crucifix en buis a été déposé à l'Archevêché de Lyon qui l'a à son tour déposé au Musée des Arts Décoratifs à Lyon. Il serait en cours de restauration, peut-être allons-nous le revoir !

Plus récemment, le 30 septembre 2012, la Maison de Ventes Accademia Fine Art à Monaco a livré aux enchères un grand médaillon ovale sculpté en fort relief de quatre Putti jouant avec un Chien. Ce médaillon est signé JOA. GVILLERMIN SCVLP AVEN. 1669.

En 1669, selon les historiographes, Jean-Baptiste est installé à Paris et non à Avignon comme le stipule le médaillon. C'est ainsi que l'histoire s'écrit ou se réécrit ...

CHRIST EN IVOIRE - MUSEE CALVET AVIGNON - 1659

CHRIST EN IVOIRE - MUSEE CALVET AVIGNON - 1659

On connait les conditions de la réalisation de ce Crucifix en Ivoire par Jean-Baptiste GUILLERMIN grâce au registre des délibérations de l'œuvre de la Miséricorde qui livre tous les détails de la commande.

Sur un plan iconographique, le Christ de Jean-Baptiste GUILLERMIN n'affiche pas d'originalité.

Il est dans l'esprit des Christs peints par Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674) ou par EUSTACHE-LE-SUEUR (1616-1655), eux-mêmes Académiciens comme l'était également Jean-Baptiste GUILLERMIN.

Le Christ de Jean-Baptiste GUILLERMIN est un beau Christ dans le pur style académique de la 2ième motié du XVIIe siècle.

Sa hauteur est remarquable pour l'époque : 26 pouces.

CHRIST EN IVOIRE - MUSEE CALVET AVIGNON - 1659

CHRIST EN IVOIRE - MUSEE CALVET AVIGNON - 1659

On a écrit du Christ en Ivoire de Jean-Baptiste GUILLERMIN qu'il présentait deux types de profil : Du côté droit, les traits souffrent , la pupille de l'œil est fortement contractée; une ride profonde, empreinte au-dessus du sourcil , trahit la nature de l'homme. Faites un pas , regardez la partie gauche de la face : plus de douleur , rien de terrestre , le Dieu se révèle , il s'élance vers le ciel, et vous reconnaissez celui dont le dernier soupir deviendra le salut du monde.

Depuis cette description d'Alphone RASTOUL parue dans Tableau d'Avignon en 1836 beaucoup ont cherché à observer cette dualité Homme/Dieu ... sans grand succès.

Le fait est que le Christ en Ivoire de Jean-Baptiste GUILLERMIN a déclenché au XIXe siècle une vague d'exaltations.

Voyez la manière enthousiaste avec laquelle Emile WALDMANN commente les deux Christs de Jean-baptiste GUILLERMIN : De quoi donc s'est inspiré Guillermin pour que ses deux christs, celui d'ivoire comme celui de buis, arrivent a ce même résultat, de remplir l`âme d'un si prodigieux saisissement? Tous deux sont égaux pour la perfection des détails et pour l 'énergie de l'expression, rien de plus ne leur est commun. L'un commande l'admiration, l'autre l'entraîne ; l'un vous pénètre de l`équitable justice de Dieu, l'autre de sa miséricorde ; l'un vous enveloppe de sa majesté, l'autre de sa douceur et de sa suavité ; l'un vous montre le ciel, l'autre vous en ouvre les portes; et tous deux, après quelques instants de muette contemplation, vous font tomber à genoux, et doucement,vous font prier et pleurer.

CHRIST EN BUIS - FECIT IEAN GVILLERMIN

CHRIST EN BUIS - FECIT IEAN GVILLERMIN -

Mars 1660. La Compagnie, par l'entremise de M. Pol Guichard a faict faire un christ mort de buis par le même maistre qui a faict celuy d'ivoyre l'année dernière ci-devant mentionnée aux dépens de la Compagnie et des épargnes procurées par le dict sieur Guichard "

La même archive qui a révélé les détails de la commande du Crucifix d'ivoire à Jean-baptiste GUILLERMIN témoigne qu' un second Christ mort a été fait par le même Maître.

Il est peu probable que le Christ en buis présenté dans ces quelques lignes soit celui de la Confrérie des Pénitents noirs compte tenu que le-dît Christ en buis est un Christ en Croix bien vivant.

Ce Christ a été découvert en 1884 et a fait l'objet de plusieurs notices dont celle d'Emile WALDMANN en 1890, auteur déjà évoqué, qui en était à cette date le propriétaire.

Il est signé FECIT IEAN GVILLERMIN et selon Emile WALDMANN il pourrait avoir été sculpté vers 1662.

Le Christ de buis de Jean-Baptiste GUILLERMIN a été confié à l'Evéché de Lyon au décès d'Emile WALDMANN en 1907 puis déposé au Musée des Arts Décoratifs à Lyon.

MÉDAILLON EN IVOIRE SIGNÉ JOA. GVILLERMIN SCVLP AVEN. 1669

MÉDAILLON EN IVOIRE SIGNÉ //**JOA. GVILLERMIN SCVLP AVEN. 1669**//

Ce médaillon en ivoire sculpté en bas relief a été livré aux enchères à Monaco le 30 septembre 2012.

Il est daté et signé au dos JOA. GVILLERMIN SCVLP AVEN. 1669.

Par rapport à la signature du Christ en ivoire conservé au Musée CALVET on notera que le " I " de IOA s'est transformé en " J " pour JOA.

On notera également qu'en 1669 les historiographes rapportent que Jean-Baptiste GUILLERMIN est installé à Paris avec le titre de sculpteur ordinaire du Roi et non à Avignon comme suggéré par la signature du médaillon.

L'ovale du Médaillon mesure 11 X 14.5 cm. La scène présente quatre Putti dont deux en train de jouer avec un chien.

Publié le 01 avril 2013