Le Christ de la Collégiale Saint-Pierre à Louvain


L’église paroissiale de Saint-Pierre de Louvain ou Sint-Pieterskerk de Leuven  aurait été érigée peu avant  l’an mil.

A l’église primitive succédèrent une église romane puis l’église gothique actuelle dont les travaux débutèrent  vers 1425 pour s’achever au milieu du XVIe siècle. 

Cette église est un fleuron du gothique flamboyant du Brabant. Son trésor recèle de belles pièces d’orfèvrerie du XVe siècle et plusieurs tableaux peints par Dirk Bouts (Haarlem, 1415c- Louvain, 1475) dont la Cène que le peintre livra à la confrérie du Saint-Sacrement en 1468.

L’œuvre qui nous intéresse est située à la verticale du jubé. Il s’agit d’un groupe de la Crucifixion de grandeur nature sculpté dans le chêne.  

Ce groupe est attribué à Jean Borman ou Jan Borreman ou Jan Borman l’Ancien le sculpteur le plus talentueux de sa génération. 

On ignore la date de naissance du sculpteur Jan Borman l'Ancien.

On le découvre à Bruxelles en  1479 date à laquelle il acquière la Citoyenneté de la ville et devient membre de la guilde des sculpteurs. 

Son atelier connût la prospérité et sa notoriété s’étendit jusqu’aux confins du Saint-Empire germanique ainsi que dans les pays scandinaves dont la Suède.

Parmi les œuvres qu’on attribue à Jan Borman l’Ancien deux seulement sont documentées donc quasi certaines. Ce sont le retable de saint Georges dans la chapelle de Notre-Dame-hors-les-murs de Ginderbuyten à Louvain (1493) et le modèle en bois pour le gisant de Marie de Bourgogne dans l’église Notre-Dame à Bruges (Œuvre collective 1495-1502).

L’attribution à Jan Borman l'Ancien du groupe de la Crucifixion de la Collégiale Saint-Pierre de Louvain n’est donc qu’une hypothèse vraisemblable. On pense qu'il a exécuté ce groupe entre 1490 et 1500.  C’est une œuvre monumentale, Marie et Jean mesurent chacun 1.80 m. La Croix qui porte le Christ est suspendue à l'extrémité de 3 filins en acier fixés dans les renforts du  plafond de la nef.

L’élévation du Christ est telle qu’il donne l’impression de flotter dans la nef au-dessus du Jubé.

Marie, en proie à une douleur intense, détourne son regard du corps de son Fils tandis que Jean qui ne parvient pas à croire à cette réalité cruelle maintient son regard en direction du Christ.



C’est une œuvre qui rayonne sa puissance et qui semble être la source lumineuse qui éclaire cette partie la plus aerienne de la Collégiale.

Silencieusement, le Christ agonise les yeux entrouverts malgré la plaie ouverte sur son côté droit ...


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Publié le 17 août 2015