UN CRUCIFIX EN IVOIRE DE L'EPOQUE ROMANE - XIE SIECLE

CRUCIFIX EN IVOIRE DE L'EPOQUE ROMANE - XIE SIECLE - CRUCIFIX EN IVOIRE DE FERDINAND 1ER DE CASTILLE REINE SANCHA

L'iconographie romane fait peu de place à l'humain et à la nature.

Ou, lorsqu'une place leur est faite, c'est pour évoquer la tentation du mal à laquelle l'homme est soumis en permanence et c'est pour représenter les animaux maléfiques qui peuplent la nature.

Autant dire qu'à l'époque romane, pour l'Eglise, l'Homme seul vaut peu voire rien.

"Mon Dieu accorde-moi de devenir rien. A mesure que je deviens rien, Dieu s'aime à travers moi. " nous souffle Simone WEIL dans ses notes pour " La pesanteur et la grâce " …

Le Crucifix en ivoire que Ferdinand 1er de Castille et la reine Sancha offrirent à Saint-Isodore de Léon présente une décoration très riche dont le répertoire s'inscrit d'une manière parfaite dans l'esprit de son époque c'est-à-dire vers 1060.

Adam se tient plié sous la Croix. Il porte sur ses épaules l'entière responsabilité de la destiné de l'Homme qui se joue sur et autour de la Croix ...

Sur le pourtour droit des hommes s'extraient de l'enfermement dans lequel ils sont confinés et ils croisent sur leur parcours des chimères avec lesquelles ils dessinent de nombreuses arabesques.

Sur le pourtour gauche d'autres hommes achèvent leur parcours et sont précipités dans les profondeurs abyssales de l'enfer.

Le Christ, la Divinité dois-je dire, se tient parfaitement droite les bras à l'horizontale. Son attitude n'est pas totalement hiératique mais elle n'exprime guère de compassion. La Divinité est indifférente à nos regards ...

L'envers de la Croix présente les mêmes enchevêtrements d'animaux fantastiques et d'humains. Les humains qui ont renoncé à combattre le mal sont transformés en Centaures tandis que d'autres humains sont dévorés.

A la croisée des bras de la Croix, l'agneau est coiffé du nimbe crucifère. Il rappelle que le Christ a donné sa vie pour notre Salut.

Les 4 évangélistes sont symbolisés aux 4 extrémités de la Croix par leurs attributs traditionnels. De gauche à droite en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre on identifie le Lion pour Saint-Marc, l'Aigle pour Saint-Jean, le Bœuf pour Saint-Luc et, au pied de la Croix, à la même place qu'Adam sur l'avers, l'Homme pour Saint-Matthieu.

Publié le vendredi 21 octobre 2011