Au nom du Père, du Fils

Christ en croix en ivoire très finement sculpté Travail dans le goût de Luigi Valadier


La Maison de Ventes Aguttes a présenté il y a 2 ans, précisément le 6 décembre 2013, le Calvaire ci contre accompagné du descriptif suivant :

Christ en croix en ivoire très finement sculpté, il est représenté la tête penchée vers l'épaule droite. Son périzonium retenu sur la hanche droite.
Il repose sur une croix en marbre brèche rouge à monture de bronze finement ciselé et doré à écoinçon. L'ensemble est présenté sur le Mont Golgotha de marbre blanc rehaussé de bronze ciselé et doré sur lequel est entrelacé un serpent.
Base de marbre Portor à encadrement à baguette rubanée reposant sur des petits pieds griffes.
Travail dans le goût de Luigi Valadier, fin du XVIIIe - début du XIXe siècle.
H : 71 - L : 25 - P : 25 cm

20 000 / 25 000 €

Le Calvaire était prudemment désigné dans le goût de Luigi VALADIER, l'Orfèvre le plus réputé du XVIIIe siècle (1726-1785) et assortie d'une estimation 20 000€-25 000€.

Le Calvaire n'apparaît pas dans les résultats communiqués par la Maison de Vente Aguttes, il n'a donc pas trouvé preneur dans la fourchette de prix indiquée.

Christ en croix attribué à Luigi Valadier

Le 7 décembre 2014, la Maison de Ventes Marc Arthur Kohn, à son tour, a mis ce Calvaire aux enchères.

Cette fois il était désigné Attribué à Luigi VALADIER et son estimation basse était multipliée par 3.5

CHRIST EN CROIX
Attribué à Luigi VALADIER (1726-1785)
Italie, fin du XVIIIe siècle
Matériaux : Ivoire, jaspe de Sicile, marbre blanc et bronzes dorés
H. 71 cm, L. 25 cm, P. 25 cm
70 000 / 100 000 €

Manifestement, Dans le goût de ou Attribué à n'implique pas le même prix ...

Dans le goût de signifie que l'oeuvre n'a pas été exécutée du vivant de l'Auteur qui est cité, elle lui est postérieure.

Attribué à signifie que l'oeuvre a été exécutée du vivant de l'Auteur qui est cité et que des présomptions existent que l'Auteur cité soit l'Auteur vraisemblable ou possible sans certitude.

Dommage que le libellé du descriptif donné par la Maison de Ventes Marc Arthur Kohn ne livre pas les présomptions qui l'ont conduite à attribuer l'oeuvre à Luigi VALADIER.

Attribué à est une expression qui ne mange pas de pain, Attribué à est sans certitude ! Par contre elle peut rendre la vente beaucoup plus opulente pour le Vendeur et pour son Intermédiaire.

Tandis que les estimations se réduisent pour de nombreux Christs en Croix les rendant ainsi plus attractifs, certaines Maisons de Vente poursuivent une stratégie inflationniste . Ce Calvaire ayant été ravalé une première fois, quel était l'intérêt de le représenter avec une estimation basse 3.5 fois supérieure ?

Son Attribution à Luigi VALADIER était prometteuse d'un bon prix d'adjudication ! il n'en fût rien et le Calvaire fût ravalé pour la 2ième fois consécutive.

Attribué à Giuseppe VALADIER Rare groupe en bronze ciselé et doré, jaspe et marbres blanc de Carrare et brèche noire


Le 2 décembre 2015, la Maison de Ventes Thierry de Maigret tentera de réaliser ce que les Maisons de Vente Aguttes et Marc Arthur Kohn ont manqué.

Une nouveauté cette année : Le Calvaire n'est plus la réalisation du Père, il devient la réalisation du Fils ! En d'autres termes : le Calvaire n'est plus attribué à Luigi VALADIER (1726-1785) mais à son fils Giuseppe VALADIER (1762-1839)

N°178 Attribué à Giuseppe VALADIER
Estimation : 50 000 - 70 000 €
Rare groupe en bronze ciselé et doré, jaspe et marbres blanc de Carrare et brèche noire; il représente un crucifix agrémenté de palmes et agrafes rocailles reposant sur un tertre animé d'un serpent et de feuillages; la base à torsades est supportée par des petits pieds griffes. Le Christ en ivoire est représenté vivant, la tête légèrement tournée vers sa droite.
Travail italien de la fin du XVIIIème siècle. (le cou du serpent déssoudé)
H: 71 cm
Réalisé dans les toutes dernières années du XVIIIème siècle, ce rare crucifix présente une composition particulièrement originale qui nous permet de rattacher à l'oeuvre de l'orfèvre et bronzier italien Giuseppe Valadier (1762-1839) qui reprit brillamment l'atelier paternel créé par son père Luigi Valadier (1726-1785) et continua la création de bronzes d'ameublement et d'objets d'art, associant marbres rares, pierres dures, matériaux précieux et bronze ciselé et doré, en s'inspirant plus ou moins directement de l'Antiquité ou de dessins et d'estampes d'artistes italiens de la fin du XVIIIème siècle (voir notamment A. Gonzales-Palacios, «Valadier Father and Son, Some further notes and discoveries», in The Journal of the Furniture History Society, 2007, p.69-84).


Au passage la SVV Thierry de Maigret étoffe la description et resserre la date de réalisation de cette composition hétéroclite où se côtoient l'ivoire, le bronze , le marbre et le jaspe. L'estimation est révisée à la baisse : la SVV Thierry de Maigret fixe comme estimation haute ce qui était l'estimation basse de la SVV Marc Arthur Kohn. 

Malgré sa révision à la baisse la nouvelle estimation basse fixée par la SVV Thierry de Maigret est encore du double de l'estimation haute fournie en décembre 2013 par la SVV Aguttes.

Une attribution et une estimation qui changent au gré des Maisons de Ventes ne sauraient constituer un élément de confiance.

Publié le 14 novembre 2015